C’est en sortant d’une représentation de Ma Colombine, au World Theatre Festival dans la préfecture de Shizuoka, au Japon, au mois de mai dernier, que dans un entretien public me fut posée la question : « pourquoi le théâtre est-il nécessaire ? ». Spontanément j’ai répondu que le théâtre est nécessaire, parce que depuis des millénaires il est le « foyer spirituel » qui nous rassemble, afin de nourrir notre vision du monde, pour mieux célébrer nos croyances, nos mythes, nos légendes, nos rêves.
Le théâtre est nécessaire, car il est le lieu de la révélation, de l’illumination, de la révolte, là où, nous, spectateurs et acteurs libérons notre imaginaire à la discordance, à l’utopie, à la transgression de tout ce que les lois de la bienséance fixent, catégorisent et ordonnent.
Le théâtre est nécessaire, parce que dans ses emportements et sa candeur, il nous éclaire pour mieux comprendre le sens profond de la beauté.
Chères amies, chers amis, nous avançons ensemble, sur les terrasses de ce jardin de vie, sur cette source inépuisable de beauté, mais aujourd’hui souffrante, à la recherche d’un théâtre qui nous inspire l’amour, qui nous invite à la contemplation du naturel et du surnaturel, un théâtre qui nous rapproche et qui nous initie à la compassion profonde pour le vivant.
« Peut-être les terrasses de ce jardin donnent-elles sur le lac de notre esprit ? », disait Italo Calvino.
Peut-être nous retrouverons-nous bientôt ensemble dans la demeure du théâtre pour célébrer une nouvelle saison, avec nos cœurs bien apaisés et bien éveillés, pour lever nos mains et dire encore une fois JALLALLA, qui veut dire « à la vie » en langue aymara.
« J’habite la demeure du possible.
Elle a plus de portes et de fenêtres
Que la demeure de la raison. »
Emily Dickinson
Omar Porras