Qu’est-ce que c’est ?
Par de nombreuses actions de médiations culturelles, le TKM cherche toujours à entretenir ses valeurs fondamentales : transmettre, insuffler, encourager, conduire.
La Pièce de 5 est la première édition d’un atelier d’écriture théâtrale animé par l’auteur, metteur en scène et pédagogue Domenico Carli.
6 particpant.e.s ont été réuni.e.s dans le foyer du TKM du vendredi soir 24 mai au dimanche 26 pour s’initier ou expérimenter cette forme si particulière qu’est l’écriture théâtrale. Leur imagination et la technique distillée pendant ces jours ont produit les textes que les auteur.e.s vous propose ci-dessous.
Découvrez le travail des participants et participantes de cette année
– Né dans les Pouilles en 1965, il arrive en Suisse avec ses parents durant son enfance. Après avoir décroché sa maturité au Collège St. Michel de Fribourg, il exerce différents petits métiers : vendeur de glace, manœuvre, facteur des paquets, puis tout en menant un début de carrière en tant que libraire et antiquaire, il se lance dans le monde du théâtre. Il s’investit dans des rôles de comédien, puis très vite, aidé par sa pratique musicale il se tourne vers la mise en scène et l’écriture.
Depuis 1986, il adapte, monte et joue des pièces aussi bien du répertoire que des créations contemporaines. En 1993, il fonde sa compagnie Atelier C. et les cabarets littéraires Le Crachoir, puis Le Tastemot en 2007 à Lausanne.
Domenico Carli écrit de nombreuses pièces de théâtre, obtient en 1995 le Prix Romand des spectacles indépendants et en 2006 le 1er Prix d’écriture dramaturgique de la Loterie Romande pour Zattera, mis en scène à Vidy par ses soins. Il a également co-signé la conception du Pavillon OUI pour l’Expo 02.
Comme metteur en scène, il s’est emparé de textes d’auteurs classiques et contemporains. Depuis 2000 il collabore régulièrement avec Omar Porras en tant qu’assistant à la mise en scène.
Ses textes sont édités aux Éditions d’en bas :
If, une Odyssée verte (2020). L’Iliade – Le Choix d’Achille avec Michel Voïta (2018). Chroniques Adriatiques : Ciao papà ! ; Ave Maria ; Lido adriatico (2015),
En 2022 : il écrit L’Affaire Orlando, librement inspiré d’Orlando de V. Woolf. Produit par la Cie Ligne 46, mise en scène L. Placidi.
Un rêve
Toujours désireux d’écouter et de donner la parole à la jeunesse, Omar Porras a rêvé, dans le cadre du projet Pagamento, d’une initiative qui aille à la rencontre des élèves de la région lausannoise.
C’est alors que Domenico Carli, médiateur culturel, auteur et metteur en scène a imaginé des ateliers d’écriture destinés aux élèves de la région lausannoise de la 10 ème à la fin du gymnase.
Ces ateliers ont été offerts par le TKM. Les professeur.e.s devaient simplement inscrire leur classe dans le planning proposé.
Des auteurs
Des auteurs Benjamin Knobil, (auteur et metteur en scène) artiste en résidence au TKM pour les saisons 2023/2024, Domenico Carli, et Fabrice Melquiot, auteur, metteur en scène et concepteur de l’exposition Pagus Valdensis allaient se déplacer dans les salles de classe pour sensibiliser et inviter à l’écriture les élèves des divers établissements.
Des élèves
14 classes ont répondu à cette invitation, soit plus de 250 élèves
Divisés en trois modules, ces ateliers étaient animés pour les deux premiers par Benjamin Knobil et Domenico Carli.
Écrire, s’exprimer par l’écrit, se dévoiler ne sont pas choses aisées. Aussi, de février à mars 2023, lors de leurs visites dans les classes, Benjamin et Domenico ont proposé divers exercices d’approches afin de désamorcer des réflexes de timidité ou d’autocensure.
Le 25 mars, Fabrice Melquiot a animé le troisième atelier. Ce troisième atelier invitait les participantes et participants à entrer plus profondément dans leur rapport avec la Nature.
Des mots
Quatre jeunes filles ont répondu présent à ce dernier atelier qui a eu lieu le 25 mars au TKM. Leur engagement, leur participation et la qualité de leur texte a bouleversé les trois auteurs.
Si bien que Fabrice Melquiot a composé un texte-paysage qui a été enregistré, mêlant les mots des quatre jeunes auteures et leur voix. Cet enregistrement est intégré à l’exposition Pagus Valdensis.
Vous avez la possibilité, ci-dessous de lire l’intégralité des textes et d’entendre la voix de leur auteure.
Cette fois encore, c’est grâce à l’engagement généreux de toutes et de tous qu’un rêve est devenu réalité, tangible, audible.
EVIE B. (RENENS)
C’est la rentrée. J’arrive dans une grande salle. Comme je suis la première, la salle est complètement vide. Sur les murs, des montagnes pailletées sont peintes ; il y a aussi des corbeaux volant autour de magnifiques sapins, des plantes, une rivière. Au plafond, une lune et des étoiles sont peintes. Les lampes semblent flotter comme des satellites au milieu de ce décor sublime. Comme les fenêtres sont ouvertes, des petits insectes rentrent. Puis, violemment, les autres élèves arrivent. Je m’assieds à côté des amies et prends de leurs nouvelles. J’apprends alors que l’une d’entre elles s’est fracturée le bras. Une fille qui semble aimer le vert, vient s’asseoir à côté de moi. Au dernier rang, des garçons sautent en se retrouvant chaudement. Le directeur arrive, demande le silence. Et commence son discours.
LINA C. (EPAGLINGES)
Un tendre matin d’automne, je marche la tête vide entre la braise et les écorchures. Je marche. Dans cette épaisse lisière qui me rappelle l’immensité de la forêt, je n’ai ni l‘envie ni la force de décider où ce sentier forestier m’emmènerait. Marcher vainement me suffit simplement. Tel un mourant ne voulant pas penser à sa maladie, je ne veux pas penser à ma mélancolie.
MANON B. (EPALINGES)
Le soleil se couche et m’indique que je dois rentrer à l’appartement. Je me dirige vers la porte d’entrée du bâtiment et entre. Je monte une trentaine de marches et me retrouve devant mon appartement 439. J’entre, pose mes tongs à l’entrée et je vais dans la douche. Au passage, je prends mon enceinte et mets ma musique. J’allume l’eau et, pendant que je me savonne, je m’ambiance sur la musique festive que j’écoute. J’éteins l’eau quand j’entends un bruit. L’oiseau ? Peut-être un pic-vert ? Surprise, j’appelle ma sœur pour lui demander ce qu’il se passe. Elle me répond que ce n’est rien : juste un oiseau dans l’appartement. J’ai paniqué et finalement je me suis persuadée qu’elle allait se débrouiller. J’ai fini ma douche rapidement pour aller à la plage. Je me sèche, je mets ma magnifique robe jaune pour circuler à travers l’hôtel, prends un pull au cas où il y aurait du vent et emporte mon bouquin préféré. Je remets mes sandales et ouvre la porte. Le grincement est strident et je me dépêche de la refermer. J’admire mon reflet dans les miroirs du couloir. J’ai une certitude : je préfère le soleil à la neige. Je sors de l’hôtel et me promène dans les jardins pour aller à la plage. Les fleurs sont colorées et l’atmosphère est tendre. Le décor est romantique. La luminosité qui se reflète sur les vagues et la brume apparante à la surface du salon. Cette perception de voir la nature sous cet angle est unique et nouvelle pour moi. La grâce qu’à cette île de montrer au public que cette vue je ne la verrai nulle part sauf à Maurice. J’arrive sur la plage. Le soleil descend lentement et il y a encore des nuages suite à l’averse tropicale qui s’est abattue sur l’île quelques heures auparavant. J’ai une grosse envie de chocolat, mais une dame manucurée m’en a dissuadé. Elle mange un gros morceau de chocolat et ça coule sur son visage.
NORA C. (RENENS)
Je suis fatiguée. Cette atmosphère suffocante me donne envie de fermer mes yeux et de ne plus jamais les ouvrir. Je tente d’agripper toute la force imaginable pour m’en empêcher. Je sens mes veines prêtes à exploser, mais elles sont embouteillées, bloquées dans mon corps. Mes yeux commencent à se fermer, mais je parviens à les ouvrir frénétiquement. Je me concentre sur cette crinière fleurie qui m’entoure et sur les brindilles que j’écrase. Je prends une grande inspiration bien que cette solution est éphémère. Cette dernière me permet de nager un peu plus dans l’air. Alors que je me crois sauvée, ce grand hêtre se referme sur moi telle une éclipse m’empêchant d’apercevoir tes belles couleurs qui te rendent grâce. J’entends les sanglots d’une ambulance et j’arrive à sortir. Á peine sortie de cette cage, un type déambule. J’entends le vent empathique m’encourager. Je réussis enfin à dire non. Et la marche rougeâtre prend fin.