Pagamento est constitué de deux propositions artistiques qui toutes interrogent notre lien à la nature en une ode à la vie.
En Colombie, dans les Caraïbes, la communauté indigène des Kogis, s’adresse à Pachamama, la Terre-Mère, avec reconnaissance, et prend soin de lui rendre l’offrande qu’elle lui a faite.
Ce jeu d’échanges et de remerciements, c’est le Pagamento.
Ritualitos, c’est une petite musique qui sort de l’âme et de la mémoire, de petits rituels pour remercier Pachamama, pour chanter l’Amérique du Sud, la puissance des langues et des traditions indigènes, avec les voix et les accords contorsionnistes de Maria de la Paz, d’Omar Porras et de William Fierro et les mots des poètes, de Pablo Neruda à William Ospina en passant par ceux d’Omar Porras lui-même qui retrouve ici le chemin de sa langue natale. Y appert, dans la fragrance de la terre, les mots oubliés des ancêtres, l’oeil du jaguar comme le vol du colibri.
OMAR PORRAS — Après avoir grandi en Colombie, Omar Porras arrive à Paris à l’âge de vingt ans, en 1984. Il fréquente d’abord la Cartoucherie de Vincennes, découvre, fasciné, le travail d’Ariane Mnouchkine et de Peter Brook, fait un bref passage dans l’École de Jacques Lecoq, travaille avec Ryszard Cieślak, puis rencontre Jerzy Grotowski – ce qui l’incite à s’intéresser aux formes orientales (Topeng, Kathakali, Kabuki). Il a fondé le Teatro Malandro à Genève en 1990, affirmant une triple exigence de création, de formation et de recherche, et a reçu plusieurs distinctions dont, en 2014, le grand prix suisse du théâtre/Anneau Hans-Reinhart et dirige depuis 2015 le TKM Théâtre Kléber-Méleau.
Son propre répertoire puise autant dans les classiques avec Faust de Marlowe (1993), Othello (1995) et Roméo et Juliette (2012 en japonais) de Shakespeare, Les Bakkhantes d’Euripide (2000), Ay ! QuiXote de Cervantès (2001), El Don Juan de Tirso de Molina (2005 ; 2010 en japonais), Pedro et le Commandeur de Lope de Vega (2006), Les Fourberies de Scapin (2009, 2022) et Amour et Psyché (2017) de Molière, Le Conte des contes (2020) que dans les textes modernes avec La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt (1993 ; 2004 ; 2015), Ubu roi d’Alfred Jarry (1991), Strip-Tease de Slawomir Mrozek
(1997), Noces de sang de García Lorca (1997), L’Histoire du soldat de Ramuz (2003 ; 2015 ; 2016), Maître Puntila et son valet Matti de Brecht (2007), Bolivar : fragments d’un rêve de William Ospina (2010), L’Éveil du printemps de Wedekind (2011) et La Dame de la mer d’Ibsen (2013).
Il explore également l’univers de l’opéra avec L’Elixir d’amour de Donizetti (2006), Le Barbier de Séville de Paisiello (2007), La Flûte enchantée de Mozart (2007), La Périchole d’Offenbach (2008), La Grande-Duchesse de Gérolstein (2012), Coronis (2019) et celui de la danse avec Les Cabots, pièce imaginée et interprétée avec Guilherme Botelho de la Compagnie Alias (2012). Habile interprète, nous le retrouvons également au plateau avec La Dernière Bande de Samuel Beckett, mise en scène par Dan Jemmett (2017), Ma Colombine de Fabrice Melquiot (2019, 2022), un seul-en-scène poétique qui raconte sa jeunesse en Colombie et sa rencontre avec le théâtre, mais nous avons aussi pu le retrouver au plateau avec sa troupe avec Carmen l’audition et Pour Vaclav Havel (2021).
WILLIAM FIERRO — Né à Bogota dans une famille de musiciens, William Fierro est guitariste, auteur, compositeur et interprète dès l’âge de quinze ans. Il arrive en Europe en 1978, et très vite joue dans toute la Suisse romande (du Paléo Festival Nyon au Théâtre de Beausobre). Il réalise une série d’enregistrements notamment Musica en 1987, SOÑando en 1998, Alma en 2004 et UNO en 2013 – avec David Richards (ingénieur du son et producteur du groupe QUEEN). Guitariste d’une finesse hors pair et aux multiples facettes, William Fierro n’a cessé les collaborations, notamment avec Matthieu Michel, Antoine et Pascal Auberson, André-Daniel Meylan, Hoover Zamora, le Soukulelestic Power Orchestra dirigé par Lee Maddeford, et en quatuor, récemment, avec Daniel Vera, Nicolas Tille et Oscar Fierro (son frère) pour une valorisation « d’inspirations latines enrichies d’influences celtiques ».
Avec Ritualitos, il retrouve Omar Porras, avec lequel il avait travaillé sur la création musicale d’Ay ! Quixote en 2001 avec Robert Clerc, Andrès Garcia et José Luis Asaresi, alias Sarten, mais aussi Maria de la Paz avec laquelle il a formé le Trio Almawil avec Alexandre Cellier.
CHRISTOPHE FOSSEMALLE — Diplômé notamment de l’ENM de la Ville d’Avray en piano et musique de chambre (1989 -1991), puis de l’École Normale de Musique de Paris (1991 -1993), Christophe Fossemalle suit les cours de direction de Dominique Sourisse (1999 – 2000) et de Maurice Luttikhuis (Amsterdam 2007), se forme au piano jazz à la Bill Evans Academy de Paris (1995 -1996) et suit des cours de théâtre avec Pierre Reynal (de 1991 à 1993).
Dans le domaine de la comédie musicale, il est pianiste sur Chicago en 2004 au Casino de Paris et sur Cats en 2015 – 2016 au Théâtre Mogador. Il est chef associé et pianiste sur le Bal des vampires en 2014 – 2015 et sur Grease en 2017 – 2018, au Théâtre Mogador ; sur Dirty Dancing en 2016 et sur Bodyguard en 2018 au Palais des Sports. Pour Le Roi Lion (une production du Théâtre Mogador), il est répétiteur à Paris en 2005 et chef associé de 2007 à 2010 et à la direction de Cabaret en 2006 – 2007 aux Folies Bergères et de Mamma Mia de 2010 à 2014 au Théâtre Mogador et en tournée.
À l’opéra, il assure la direction musicale ainsi que la codirection artistique avec Philippe Chamaux de deux Offenbach, une adaptation d’Orphée aux enfers en 1999 et de La Périchole entre 2002 et 2005.
Parallèlement, il traverse d’autres expériences dans le théâtre musical, investi dans Le Mur du song, Eugène ! Sors du piano… ! et Fame (1996), Boby Meli melo dit ! et Focus (1997), Medleys (1998), Les Petites Femmes de Broadway (2000), Coups de feu sur Broadway (2002), L’Arbre à mémoire et Quitter Paris (2003), Les Contes de la mine (2004) et L’Hôtel des cancans (2004 – 2005).
De 2001 à 2006, il réalise près de cent concerts comme pianiste avec Cheb Mami’ dans des tournées en France (Bercy, Zénith, Olympia…) et à l’international.
Ritualitos (2023) est sa troisième collaboration avec Omar Porras comme compositeur pour Le Conte des contes (2021) et Carmen l’audition (2021) et comme arrangeur pour Les Fourberies de Scapin (2022).
MARIA DE LA PAZ — Née en 1976 à Buenos Aires, Maria de la Paz Grunauer grandit dans l’effervescence d’une capitale et d’une famille d’intellectuels. Son prénom, Maria de la Paz, est comme un talisman pour sa mère qui la met au monde alors que l’Argentine vient de vivre un coup d’État et la mise en place d’une dictature militaire. Maria de la Paz grandit et découvre le monde de la scène dans un bar où elle travaille : c’est pour elle « un choc, une fascination ». À vingt-deux ans, elle part voyager en Europe, visite l’Espagne, Florence, Vienne et … Lausanne qu’elle ne quittera plus. De la rue, au théâtre et aux festivals, Maria de la Paz « s’entoure, rassemble et se produit » en revisitant les classiques du tango et le folklore argentin avec Luis Semeniuk et Alain Rey. Parallèlement, en 2011, elle fonde Barrio Oscuro avec Ignacio Lamas. En 2015, elle est interprète dans Preludio para el año 3001 – Maria de la Paz canta Piazzolla ; en 2019 dans Frida Kahlo jambe de bois de Lorenzo Malaguerra, dans Dolores circus par Cisco Aznar, dans Maria de la Paz canta Lhasa ; en 2020 dans Les Clochards célestes de Benjamin Knobil et Francesco Biamonte ; en 2021 dans Le Balcon de Jean Genet par Sandra Goudin.
ÉQUIPE ARTISTIQUE
Mise en scène :
Omar Porras
Assistant mise en scène :
Alexandre Ethève
Montage de textes et musiques :
Omar Porras
Christophe Fossemalle
Création sonore :
Ben Tixhon
Création lumière :
Mathias Roche
Assistant lumière :
Arno Fossati
Scénographie :
Omar Porras
Accessoires :
Béatrice Lipp
Alexandre Genoud
Yvan Schlatter
Costumes:
Julie Raonison
Régie plateau :
Gabriel Sklenar
Direction technique :
Alexandre Genoud
Traduction des textes:
Tania Roelens
Avec :
William Fierro
Christophe Fossemalle
Maria de la Paz
Omar Porras
Production :
TKM Théâtre Kléber-Méleau
Une création du Teatro Malandro et du TKM.