Instantané de répétition

Dans la salle Cédric travaille, assis à son piano, au centre de la scène. La conque est montée. Les deux panneaux, Eusebius et Florestan, préparés pour les Fantaisies nocturnes, sont abaissés. Cédric enchaîne les morceaux puis s’interrompt, feuillette la partition pour trouver une annotation. Il reprend un passage très doux. Hier soir il disait de la musique de Schumann qu’elle est extrêmement moderne : jouée dans des caves d’un mouvement underground pour l’époque, non pas dans des institutions où le rituel d’écoute est figé comme aujourd’hui dans un sérieux extrême. Pour cette raison-même, la mise en espace et les ruptures électroniques de ce soir importent.

Cédric décompose les mouvements de ses morceaux. Il les joue plus lentement, puis il accélère. Je resterais des heures à l’écouter ainsi. Il joue en chaussettes, ses baskets posées à côté de lui. Il reprend des enchaînements, reprend la note, se balade en musique. Comment défile la musique dans sa tête ? Comme une maison dont on connaît les pièces par cœur ? Les objets chacun à leur place, la poussière derrière les objets ?

Odile Cornuz, semaine du 23 mai 2016