Gnothi seauton

« Connais-toi toi-même »

Oui pourquoi pas

C’est un point de départ

Qui donc disait ça ?

Se connaître soi aide à faire des choix, lorsqu’on se trouve à la croisée non de quatre chemins, mais d’une bonne quinzaine, que la boussole débloque – Nord perdu quelque part entre les méridiens – et qu’il faut trouver où poser le prochain pas.

Se connaître soi permet de comprendre que la terre avance malgré soi, qu’on a certainement quelque chose à y faire, comme un colibri tente d’éteindre l’incendie avec une goutte d’eau tombée de son bec, comme deux frères rivalisent pour de mauvaises raisons, (surtout parce que l’amour l’un pour l’autre déborde), comme une sœur veut rendre les honneurs funèbres à un de ses frères.

Se connaître soi aide à porter ses opinions, sans les nuancer par rapport aux attentes, aux circonstances, à l’action en cours, laissant tomber la délicatesse pour se saisir du brut.

Se connaître soi chasse les angoisses lorsqu’elles surgissent en meute, parce que le soleil ne s’est pas levé, parce que le désir n’est plus au rendez-vous, parce que les amis ne répondent pas, parce que les pneus sont crevés – quand ce qu’on touche se brise par maléfice.

Se connaître soi peut se muer en projet de société.

Se connaître soi s’inscrit au programme scolaire comme discipline faisant appel à des dizaines d’intervenants et de médiatrices, d’astrophysiciennes et de cuistots, de judokas et de peintres sur porcelaine – notamment.

Se connaître soi c’est aller au-devant des autres et accepter les liens qui se nouent ou se coupent – accueillir l’intensité avec laquelle ça se noue ou se coupe, et parfois la mollesse avec laquelle ça se distend, sans savoir pourquoi.

Se connaître soi est impossible ; comme de connaître le monde, voire la connaissance. Tout est trop imprévu. Tout est chemin plutôt que but, tracé de flèche et non cible. Enfin : matière à philosopher, à remuer ses racines, à plonger dans la réinvention des mythes, à tendre l’oreille et à écouter en soi ce qui résonne.

Se connaître soi, c’est savoir comment ça vibre, en dedans.

 

Odile Cornuz, janvier 2018