Die Notenschrank des Cédric P.

L’équipe technique a fini la mise en place. Le piano a été installé au centre du foyer, sur un tapis noir taillé en ovale. Des chaises ont été disposées tout autour : trois rangs de chaises pour un peu plus de cent places. Les lumières rendent l’accueil encore plus chaleureux. Quelques mange-debout ponctuent l’espace, tendus de tissus noirs découpés pour l’occasion. Tous les canapés, la plupart des tables ainsi que toutes les chaises occupant normalement le foyer sont entreposées sur le plateau. Ça fait comme un décor sans décor. Du mobilier qui attend sous les pleins feux. En cuisine tout cuit, se prépare. Cédric Pescia arrive, reposé de sa sieste, après une journée de préparation, répétition et mise en place, accompagné du compositeur de la pièce qu’il joue ce soir, Georg Nussbaumer, facétieux autrichien. Plus tard, ce dernier me dira avoir grandi dans une famille sans musique, précisant que c’est la raison pour laquelle il écrit des « trucs bizarres ». Durant le repas il m’a aussi parlé de Californie, où il séjourné, voyagé, des heures de voiture à traverser des déserts, une manière de prendre de la distance avec Vienne, Freud, le sombre et grave, pour prendre une leçon de créativité, d’espace et de légèreté sans complexes.

Odile Cornuz, semaine du 18 janvier 2016