DON JUAN THÉÂTRE / BALADE DES COLPORTEURS

« Je me sens un coeur à aimer la terre entière ! » C’est dit. La séduction et ses duperies sont au coeur de Don Juan, cette comédie douce amère. Pour autant, le rire est ici au service d’une cause plus vaste encore : Molière cherche à dénoncer l’hypocrisie en matière d’amour, après avoir fustigé celle des faux dévots avec Le Tartuffe à peine deux plus tôt. Entre déguisements et passion, Don Juan, ce personnage truculent, remet en question toutes nos valeurs.

Don Juan nous effraye.
Dès qu’il l’éprouve, son amour semble puissant et authentique. L’instant suivant, il est capable d’aimer avec autant de force… quelqu’un d’autre…Il fascine, mais il scandalise aussi, avec son élégance, sa verve, son insolence, son audace, sa liberté. « Acteur », en grec, c’est upokritês, hypocrite…Quelle meilleure définition donnée de Don Juan, toujours en proie à ses intérêts propres, ses envies, son instinct. Il joue avec la vie, de la vie, c’est un monstre caché dans la nature. Et le doute est d’autant plus fort que les scènes de fourberies et de quiproquos sont hilarantes et les moments les plus terribles restent teintés d’un rire qui se suspend au bord de nos lèvres…

Molière nous étourdit.
Au sommet de son art, il jongle avec nos émotions les plus profondes, en posant une fois de plus les questions de la quête de l’amour, de la liberté et du bonheur. Mais ici, Don Juan est joué par une femme – Valérie Bournet. Ne serait-ce pas là la catharsis même de ce personnage ?