Le Tartuffe est une pièce emblématique de Molière qui a généré toute une affaire entre 1664 et 1669, interdite à plusieurs reprises, car dénonçant l’hypocrisie en matière de religion – et réécrite plusieurs fois par son auteur. Cette saison, Jean Liermier s’en saisit et nous en donne toute la saveur et les tonalités plurielles, critique et baroque à la fois.
De fait Le Tartuffe est une comédie du rire (par les jeux scéniques, la force des mots utilisés, le registre de langage, l’usage des hyperboles et néologismes, etc), en plus d’être une comédie critique (dénonçant l’hypocrisie verbale du faux dévot comme celle, sociale, du mariage forcé), une comédie d’amour (de l’amour marital, homosexuel, jaloux ou galant) et une comédie baroque (où se déploient être et paraître, doublets et renversements, avec toute une déclinaison de la comédie dans la comédie).
Sur scène, Le Tartuffe, à sa création en 1669, oscillait entre comédie et bouffonnerie ; au XVIIIe siècle, la pièce quitte la farce pour le marivaudage ; un siècle plus tard, la comédie devient un drame. Au XXe siècle, de Louis Jouvet à Ivo van Hove en passant par Roger Planchon ou Antoine Vitez, la palette des interprétations, nourries de la psychanalyse, de la sociologie et de l’histoire, s’est étendue. Quelles seront les couleurs de cette création avec Jean Liermier ? Seul le plateau le dira.
MOLIÈRE — Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622–1673), a marqué durablement l’histoire du théâtre en donnant ses lettres de noblesse à la farce et en créant de nouveaux genres : la comédie classique et la comédie-ballet (avec sa variante, la tragédie-ballet). Jusqu’en 1661, les ennemis de Molière sont surtout des poètes et des comédiens auxquels il fait concurrence et dont les critiques s’exercent sur le plan de l’écriture. Lorsqu’il écrit Le Tartuffe en 1664, face à qui Molière se retrouve-t-il ? Des dévots et des hommes d’Église qui situent leurs attaques sur le plan de la moralité et de la religion.
JEAN LIERMIER — Formé à l’École Supérieure d’Art Dramatique de Genève, Jean Liermier – sans s’interdire des incursions dans le répertoire contemporain comme nous l’avons vu avec La Crise de Coline Serreau (2024) – cherche constamment à « revisiter les classiques » et à « les rendre accessibles à tous ». Il s’est ainsi d’abord lancé dans la mise en scène de textes du XVIIIe siècle avec Marivaux, de La Double Inconstance (1999) à La Fausse Suivante (2020), mais aussi du Grand Siècle avec Molière dont il crée notamment Le Malade imaginaire (2013), du XIXe siècle avec Musset (On ne badine pas avec l’amour en 2023), Kleist ou encore Rostand comme d’auteurs contemporains dont Roland Dubillard et Jean-Paul Wenzel. Il dirige depuis 2008 le Théâtre de Carouge, dont il a fait une « institution phare ».
ÉQUIPE DE CRÉATION
Mise en scène
Jean Liermier
Assistanat mise en scène
Katia Akselrod
Scénographie et costumes
Rudy Sabounghi
Lumières
Jean-Philippe Roy
Univers sonore
Jean Faravel
Assistanat costumes
Trina Lobo
Avec
Bénédicte Amsler Denogent
Raphaël Archinard
Gaspard Boesch
Philippe Gouin
Muriel Mayette-Holtz
Cyril Metzger
Gilles Privat
Christine Vouilloz
Production
Théâtre de Carouge – Genève
Coproduction
Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte d’Azur
Création le 3 mars 2026 au Théâtre de Carouge à Genève.