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L’ANALPHABÈTE THÉÂTRE

30.03–02.04.23

TEXTE : AGOTA KRISTOF

JEU : CATHERINE SALVIAT
SOCIÉTAIRE HONORAIRE DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE

Venez écouter les souvenirs d’Agota Kristof, réfugiée en Suisse, à Neuchâtel, en 1956, après une traversée hasardeuse par l’Autriche pour fuir le chaos et les purges de son pays, un nourrisson dans les bras ! Venez sentir son amour des mots, talismans dans le malheur !
Venez voir comment
« l’analphabète » se donne le « défi » de conquérir « la langue inconnue » !

Catherine Salviat nous offre la traversée du texte autobiographique d’Agota Kristof, publié en 2004 à Genève, aux éditions Zoé, L’Analphabète – que lui fit découvrir Nabil El Azan il y a neuf ans. Dans la jubilation de porter à nous les mots de cette auteure hongroise à la langue épurée, elle nous fait passer les portes imaginaires des onze chapitres de l’ouvrage : du goût des mots à lire et à écrire, du bonheur de l’enfance en Hongrie, de l’amertume du pensionnat, de la mort de Staline en 1953, de l’écriture poétique à l’exil politique trois ans plus tard, à la Suisse, au travail à l’usine, à l’aphasie de l’étrangère, à la compassion des Neuchâtelois, au mal-être identitaire, au sentiment de déracinement et à la nostalgie du pays natal, à l’exilée armée de son dictionnaire, comme d’un grimoire, à la conquête du français, la « langue ennemie » qui vient se substituer dans sa pratique de romancière à sa langue maternelle…

Ce pan d’histoire, celui de l’exil, semble bégayer aujourd’hui encore, alors que la terre tremble et que la guerre, aux portes de l’Europe, a poussé sur les routes plus de huit millions de réfugiés ukrainiens enregistrés à travers l’Europe selon les chiffres du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR), soit près de 20 % de la population du pays.

Catherine Salviat commence : « Je lis. C’est comme une maladie. Je lis tout ce qui me tombe sous la main, sous les yeux […] ». Elle témoigne à son tour, mais dans la joie de jouer la figure d’Agota Kristof elle-même ; elle égrène les mots agencés en phrases simples, incisives, tout en retenue, en gardant la flamme de son humour chevillé à l’âme !

Rencontres avec Catherine Salviat :

jeudi 30 mars, discussion après la représentation en compagnie également de Madame Marlyse Pietri, fondatrice des éditions Zoé. Modération: Elena Gilardoni.

samedi 1er avril, bord de scène après la représentatio organisé par les amis du TKM.

AGOTA KRISTOF — Née à Csikvànd, en Hongrie, en 1935, Agota Kristof a neuf ans lorsque ses parents s’installent à Köszeg – où se déroulent tous ses romans. À dix-huit ans, elle épouse son professeur d’histoire. Impliqué dans l’insurrection de Budapest, ce dernier la conduit à quitter son pays natal en 1956 pour migrer vers la Suisse, à Neuchâtel, avec leur bébé de quatre mois. Agota Kristof y travaille dans une usine d’horlogerie. Cinq ans plus tard, elle apprend le français. Entre les années 1970 et 1980, elle livre des pièces pour la radio, puis écrit des nouvelles et des romans dont La Trilogie des jumeaux (entre 1986 et 1991) – Le Grand Cahier, La Preuve et Le Troisième Mensonge – traduite dans trente-cinq langues.

CATHERINE SALVIAT — Catherine Salviat est engagée à la Comédie-Française en 1969, en devient sociétaire jusqu’en 2006, puis est nommée sociétaire honoraire. Elle a joué sous la direction aussi bien de Philippe Adrien, Jean-Louis Barrault et Roger Blin que Gildas Bourdet, Jean-Luc Boutté, Jacques Charon, Simon Eine, André Engel, Maurice Escande, Michel Etcheverry, Yves Gasc, Catherine Hiegel, Brigitte Jaques-Wajeman, Jacques Lassalle, Jean-Paul Lucet, Daniel Mesguich, Jean Meyer, Omar Porras, Guy Retoré, Jean-Paul Roussillon, Giorgio Strehler, Jean- Louis Thamin, Jean-Pierre Vincent, Anatoli Vassiliev, André Wilms et Franco Zeffirelli.

Texte :
Agota Kristof

Jeu :
Catherine Salviat (Sociétaire honoraire de la Comédie-Française)

Création lumière :
Édouard Hugli et Filipe Pascoal

Production et production déléguée :
Artistic Théâtre, à Paris