L’amour se plaît à unir les contraires? Il aimante la modeste, sage et pieuse Aline et le meilleur parti du village, Julien, le fils du syndic : « L’amour entre dans le corps sans qu’on l’entende ; mais, une fois qu’il est dedans, il ferme la porte. », nous rappelle C.F. Ramuz. Du moins est-ce le cas pour Aline, jusqu’à se transformer en une passion dévastatrice et criminelle…
Et j’ai crié Aline est le troisième opus où Romanens & Format A’3 entrecroisent, non sans humour, littérature et musique – après Voisard, vous avez dit Voisard et Courir qui fit triompher à chaque représentation trois ans durant et Jean Echenoz et Emil Zátopek ! Si le titre nous entraîne vers la mélodie nostalgique de Christophe et de la pop des années 1960, il s’agit là d’un filtre qui joue avec l’horizon d’attente du public, tout en établissant avec lui une truculente complicité.
La source première de cette création est en effet avant tout un roman de jeunesse de Charles Ferdinand Ramuz, Aline, « à l’intrigue simple et puissante », « faussement naïve », nous confie volontiers Thierry Romanens.
L’adaptation de ce dernier nous donne à entendre la force des mots de cet auteur romand dont l’écriture, magistrale, tient à la puissance d’évocation d’un terroir local et de la parlure savoureuse de ses habitants : elle rend compte d’une forme poétique qui transcende tout régionalisme, nous propose une traversée des élans du cœur, tout en nous invitant à une certaine introspection.
Au plateau, les mots sonnent et résonnent : de combustibles incandescents, chantés ou parlés, ils deviennent matières sonores, narration partagée entre la voix des musiciens et du comédien.
LE TEMPS – Aline, un drame paysan très simple et cruel… 11.06.11
CHARLES FERDINAND RAMUZ — Né à Lausanne en 1878, Ramuz gagne Paris en 1902, après une licence de Lettres classiques, avec l’intention de faire un doctorat – ce à quoi il renonce bientôt. Après avoir publié cinq romans (dont Aline en 1905), il revient s’installer dans le canton de Vaud en 1914. Là, il s’investit dans une revue artistique, les Cahiers vaudois, où il publie aussitôt Raison d’être et Adieu à beaucoup de personnages et autres morceaux (1914), puis Les Signes parmi nous (1919) et Histoire du soldat (1920). Il meurt à Pully à l’âge de 79 ans, vingt-deux romans à son actif.
THIERRY ROMANENS — Né en 1963, Thierry Romanens est un comédien, auteur, chanteur franco-suisse. En 1996, il fonde une première troupe, Salut la Compagnie, et multiplie les numéros de stand-up. Deux ans plus tard, il se lance dans la chanson. Il publie un premier album en 2000, Le Sens idéal, suivi en 2004 par Les Saisons du Paradis, en 2006 par Le Doigt et en 2009 par Je m’appelle Romanens. Aujourd’hui, si la chanson est à nouveau plus de côté, et si l’humour, Thierry Romanens le pratique à travers des chroniques qu’il tient régulièrement à la RTS (les Dicodeurs), les spectacles théâtraux sont au cœur de ses priorités : nous avons pu le voir jouer en 2016 dans L’Opéra de Quat’sous mis en scène par Joan Mompart, en 2018 dans Nous les héros de J.–L. Lagarce mis en scène par Robert Sandoz et dans Funérailles d’hiver de Levin mis en scène par Michael Delaunoy… Et après Voisard, vous avez dit Voisard (2009) et Courir (2016), Et j’ai crié Aline (2020) est un vibrant hommage à C.F. Ramuz.
ROBERT SANDOZ — Né en 1975 à la Chaux-de-Fonds, Robert Sandoz dirige la Compagnie L’outil de la ressemblance et crée, en tant que metteur en scène, tout un corpus de textes contemporains, notamment La Servante d’Olivier Py (2001), L’Espace d’une nuit d’Odile Cornuz (2005), Monsieur chasse ! De Feydeau (2010), Antigone d’après Henry Bauchau (2011), Il n’en restera plus aucun d’après Agatha Christie (2014), Le Combat ordinaire d’après Manu Larcenet et Le Bal des voleurs de Jean Anouilh (2017), Nous, les héros de J.-L. Lagarce et, de lui Cette année Noël est annulé (2018), Dans moi et Mon père est une chanson de variété (2019). Son expérience du plateau s’étend aussi à l’opéra avec Les Aventures du Roi Pausole (2012) et La Belle Hélène (2015).
FORMAT A’3 — Ce trio de jazz d’envergure, composé de musiciens issus du Conservatoire de Jazz de Montreux, a publié six albums (dont le dernier, VI E, est paru en 2016). Tous trois collaborent avec Thierry Romanens sur les spectacles Je m’appelle Romanens (2009) et Round Voisard (2011) – dont ils ont sorti deux albums, ainsi que Courir (2016) au succès flamboyant.
ÉQUIPE DE CRÉATION
Mise en scène :
Thierry Romanens et Robert Sandoz
Conception, adaptation et écriture :
Thierry Romanens
Composition musicale :
Thierry Romanens et Format A’3
Scénographie et création costumes :
Kristelle Paré
assistante création costumes :
Tania D’Ambrogio
Stagiaire :
Juliette Ferranet
Accessoires :
Tania D’Ambrogio, Cédric Matthey, Kristelle Paré
Création masque de la taupe :
Judith Dubois
Construction décor :
Cédric Matthey, Alec Rohner
Direction musicale :
Alexis Gfeller
Son :
Bernard Amaudruz
Lumière :
William Fournier
Collaboration artistique :
Jérôme Meizoz
Aide production :
Nina Vogt
Administration :
Marianne Caplan
Avec :
Thierry Romanens :
jeu, mandoline
Alexis Gfeller :
jeu, piano, électronique
Fabien Sevilla :
jeu, contrebasse
Patrick Dufresne :
jeu, batterie, électronique
Chœur :
Groupe vocal de l’EJMA
Chef de chœur :
Jérémie Zwahlen
Production :
Salut la Compagnie
Coproduction :
TKM Théâtre Kléber-Méleau à Renens, Théâtre Équilibre – Nuithonie
à Fribourg
Fribourg – Suisse
31.01–01.02.20
Théâtre Nuithonie
Bienne – Suisse
04.02.20
Théâtre Nebia
Genève – Suisse
06.02.20
Théâtre Forum Meyrin