L’ART LYRIQUE S’INVITE DANS LE FOYER DU THÉÂTRE
On savait le TKM ouvert à la musique sous toutes ses formes – son directeur ne laisse-t-il pas régulièrement vagabonder sa fantaisie sur les scènes d’opéra ? Ce mariage de passion autant que de raison prend une nouvelle dimension cette saison à l’initiative du nouveau capitaine de l’Opéra de Lausanne, Claude Cortese, qui propose de transporter dans le foyer, l’espace d’une soirée, des artistes de trois de ses productions (notamment le virevoltant Don Pasquale de Donizetti… dont Omar Porras a lui-même mis en scène le non moins délicieux Elisir d’amore en 2006 à Nancy !) avec une ou deux voix, un instrument, en guise d’invitation au voyage lyrique.
On n’est jamais plus fort qu’au pluriel ! Telle est l’intime conviction du nouveau directeur de l’Opéra de Lausanne qui, dès l’entame de sa prise de fonction, s’en est allé frapper à la porte des institutions soeurs du chef-lieu et de la région pour sonder les opportunités de collaboration et créer ainsi une saine et joyeuse émulation culturelle autour de ses productions et de son institution… et vice versa !
Tombé sous le charme du foyer du TKM, il y a immédiatement vu tout le potentiel de rencontre, de partage, d’échange – de découverte aussi : cette faculté à susciter la curiosité, à convaincre dans la douceur, à petite dose, les bienfaits à pousser la porte d’univers dont on se croit étranger, voire exclu, stigmatisation dont peut facilement être l’objet une institution comme l’Opéra de Lausanne.
Et le plus beau, c’est que le vent souffle dans les deux sens : Claude Cortese est en effet persuadé que si le public du TKM peut être amené à faire le pas à la suite de ces avant-goûts intimistes (2-3 interprètes seulement issus de la production avec pour seul costume… la musique !), conviviaux (possibilité de se restaurer en amont pour se mettre en « voix ») et bien dosés (50 minutes pas plus), son public à lui pourrait bien, de la même manière, se laisser séduire par les vibrations de ce lieu si particulier. Avec en sus la possibilité – si bonnes ondes partagées – de débordement… en forme de « boeuf » par exemple ?
DUO JUDITH FA & SÉRAPHINE COTREZ
La soprano et la mezzo-soprano sont Frasquita et Mercédès dans «Carmen» de Bizet à l’Opéra de Lausanne les 16, 18, 20, 23, 25 et 27 mai 2025
Jules Massenet (1842-1912)
Duos op. 2: «Marine» & «Joie»
Pauline Viardot (1821-1910)
«Les filles de Cadix», mélodie VWV 1135
Georges Bizet (1838-1875)
«Nour-Eddin, roi de Lahore», air de Ghazel extrait de l’opéra «Djamileh» WD 27
«Adieux de l’hôtesse arabe», mélodie sur un poème de Victor Hugo
Maurice Ravel (1875-1937)
«L’indifférent», mélodie extraite du cycle «Shéhérazade» M. 41 (n° 3) sur des poèmes de Tristan Klingsor
Jacques Offenbach (1819-1880)
Duo des pommes (Fantasia & Caprice) «Don Dieu! qu’ai-je ressenti là?», extrait de l’opéra-féerie «Le Voyage dans la lune» (acte II)
Jules Massenet (1842-1912)
«Vive amour qui rêve», aubade d’Ensoleillad extrait de l’opéra «Chérubin» (acte III)
Georges Bizet (1838-1875)
«Près des remparts de Séville», séguedille de Carmen extrait de l’opéra «Carmen» (acte I)
Léo Delibes (1836-1891)
Duo des fleurs (Lakmé & Malika) «Sous le dôme épais» extrait de l’opéra «Lakmé» (acte I)
Gabriel Fauré (1845-1924)
«Sérénade toscane», mélodie op. 3 n° 2 sur un poème de Romain Bussine
Camille Saint-Saëns (1835-1921)
«La splendeur vide» extraite des «Mélodies persanes» op. 26 (n° 2) sur des poèmes d’Armand Renaud
«El desdichado», boléro espagnol à deux voix
Judith Fa, soprano
Judith Fa commence son parcours musical à la Maîtrise de Radio France. Elle se perfectionne au Conservatoire d’Amsterdam et rejoint le Dutch National Opera Academy – DNOA, avant d’intégrer l’Académie de l’Opéra-Comique. Sensible à tous les répertoires, elle incarne certains rôles majeurs de l’opéra – Susanna (Le nozze di Figaro) au festival de Saint-Céré et à l’Opéra de Massy, Frasquita (Carmen) à l’Opéra du Rhin, Erismena (Erismena de Cavalli) au Grand-Théâtre de Luxembourg, Noémie (Cendrillon) à l’Opéra national de Lorraine, Morgiane (Ali Baba de Lecocq) à l’Opéra-Comique et à l’Opéra de Rouen, Eurydice (Orfée et Eurydice de Gluck) à l’Opéra de Clermont-Ferrand – et participe à la grande aventure du Ballet royal de la nuit avec l’ensemble Correspondances. Elle développe rapidement un goût prononcé pour la création contemporaine – Orfeo & Majnun à La Monnaie, au Festival d’Aix-en-Provence et au Konzerthaus de Vienne, Hémon de Zad Moutalka à l’Opéra du Rhin, Les Contes de la lune vague après la pluie à l’Opéra-Comique et à l’Opéra de Rouen, et plus récemment En Silence d’Alexandre Desplat en tournée au Japon. Très curieuse de nouvelles formes et de nouvelles esthétiques, elle prend part à des projets originaux: West Side Story (Maria), Le Cabaret horrifique et La Petite balade aux enfers à l’Opéra-Comique, Là-haut de Maurice Yvain avec les Frivolités parisiennes au Théâtre de l’Athénée – Louis Jouvet. Tout récemment, elle incarne le rôle d’Audrey dans Petite Boutique des horreurs à l’Opéra-Comique et à l’Opéra de Dijon, Yniold dans Pelléas et Mélisande à l’Opéra royal de Wallonie Liège, et reprend également La Petite balade aux enfers de Valérie Lesort à l’Opéra de Tours. Elle prend part à la tournée européenne Mein Traum avec Pygmalion et chante le Stabat Mater de Scarlatti à l’Auditorium de Radio France. Cette saison, Judith Fa incarne notamment la Comtesse Adèle du Comte Ory de Rossini à l’Opéra de Québec.
Séraphine Cotrez, mezzo-soprano
Après une saison marquée par une tournée européenne à l’invitation de René Jacobs (rôle de Mercédès dans Carmen), la mezzo-soprano Séraphine Cotrez se produit cette saison dans les rôles Curra (La forza del destino) aux opéras de Montpellier et Toulon, et chante la partie d’alto solo du Requiem de Mozart avec l’Orchestre symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours. Après des études d’arts appliqués, elle s’oriente vers la musique et étudie le chant lyrique. Dotée d’une voix de mezzo-soprano ample et expressive, elle se forme d’abord à Paris auprès du baryton Yann Toussaint, puis au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon (classe de Françoise Pollet), dont elle sort diplômée d’un master de chant lyrique en 2019. Au cours de son cursus, elle étudie également à l’Universität der Künst de Berlin dans la classe de Julie Kaufmann et de Peter Maus, avec qui elle affine sa connaissance du répertoire allemand. Elle approfondit son approche de la mélodie française à l’Académie d’Orford au Canada, avec Rosemary Landry et Francis Perron, ainsi qu’à l’Académie Poulenc de Tours auprès de François Le Roux, Christian Ivaldi, Jeff Cohen et Nicolas Krüger. Désireuse de parfaire sa maîtrise du répertoire français, elle suit ensuite la classe de François Le Roux en certificat spécialisé d’art vocal français à L’Ecole normale supérieure de musique Alfred Cortot à Paris. On l’a déjà entendu dans les rôles de Carmen à l’Opéra de Vichy, du Garçon de cuisine (Rusalka) à l’Opéra national de Toulouse, d’Oenone (Hippolyte et Aricie) et Fatimé (Zémire et Azor de Grétry) à l’Opéra-Comique, de Mercédès à l’Opéra national du Rhin, de Karolka (Jenůfa) à l’Opéra de Rouen, d’Annina (La traviata) à l’Opéra de Limoges, de Clorinda (Il combattimento di Tancredi e Clorinda), Venus (Il ballo delle ingrate) et Dardano (Amadigi) avec Les Paladins dirigés par Jérôme Correas, ou encore de Clotilda (Norma) avec l’Orchestre philharmonique du Maroc.
Marie-Cécile Bertheau, piano
Marie Cécile Bertheau commence ses études de piano à Nancy, puis reçoit un premier prix du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon. Elle part se perfectionner au Royal Northern College of Music de Manchester dans la classe de Renna Kellaway où, deux ans plus tard, elle obtient un diplôme postgrade de musique. Elle se produit par la suite dans de nombreux festivals dont La Roque-d’Anthéron, Aix-en-Provence, Saint-Jean-de-Luz (avec obtention du Prix Maurice Ravel) et Royaumont. Accompagnatrice de plusieurs classes d’instruments à vent au CNSM de Lyon, elle est nommée cheffe de chant de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Lyon. Cheffe de chant à l’Opéra de Lausanne, nommée par Dominique Meyer, elle a la responsabilité d’une classe de répertoire pour jeunes chanteurs, en tant que Maître d’enseignement à la Haute école de musique de Lausanne.