La toccata ou l’art du bien toucher
On connaît tous sa monumentale Toccata et fugue en ré mineur, qui comme la plupart des pièces pour orgue de cette époque en Allemagne du Nord a recours au Stylus phantasticus, style de musique dérivé de l’improvisation. On connaît moins les sept Toccatas pour clavecin BWV 910 à 916. Leçon de rattrapage bienvenue.
Du latin toccare (toucher), le mot toccata désigne à l’origine une pièce pour clavier destinée à mettre le musicien en contact avec les registres de son instrument – à l’image du prélude. On la trouve dès le début de l’ère baroque en Italie – chez Claudio Monteverdi, qui avec la Toccata d’ouverture de son Orfeo offre l’un des rares exemples de « toccata orchestrale », mais surtout chez les grands organistes Girolamo Frecobaldi et Alessandro Scarlatti – et en Allemagne, avec Jan Pieterszoon Sweelinck, Johann Jakob Froberger et Dietrich Buxtehude. Rapidement, la toccata se mue en démonstration virtuose. C’est le cas chez Jean-Sébastien Bach qui, dit-on, aimait à tirer l’ensemble des jeux de tout nouvel instrument passant sous ses doigts pour en évaluer la puissance. Les sept Toccatas pour clavecin BWV 910 à 916 qu’il livre à la postérité durant ses années à Weimar (1707-1713) se caractérisent par une liberté étonnante, proche de l’improvisation.
JEAN-SÉBASTIEN BACH
Toccatas BWV 910-916
Cédric Pescia :
Piano
Production :
Association Ensemble enScène