On n’est plus pressée de savoir.

On sait de mieux en mieux qu’on ne sait rien. Ce qu’on exigeait de l’amant, de l’amie : des explications, des excuses, du déploiement d’expériences, tout ce qui pouvait brûler le cœur plus profond pour s’assurer de la destruction de toute flore, pour avoir moins de regrets à ne plus revenir sur ces terres (mais elles deviennent alors fertiles, tu ne le savais pas – à présent tu peines encore à le comprendre : quoi ? ce grand incendie, ce gâchis de larmes et de salive aurait ouvert la terre pour faire surgir de nouvelles plantes plus robustes ? serait-ce l’intensité volcanique à ton échelle ? serait-ce l’anéantissement de la terre ancienne pour une terre nouvelle, désolée puis insoupçonnée, des millénaires plus tard, forêt à nouveau vierge et foisonnante ? aurait-il donc été nécessaire de passer par là ?). Alors on ne demande plus d’explications. On ne demande plus de justifications. On vit ce qui vient. On croit ceux qui parlent. S’ils mentent, qu’est-ce que ça change ? Ils ont dit. Ils ont fait. Nous avons ensemble éprouvé une forme de vérité.

Extrait de Ma Ralentie, recueil de prose poétique appuyé sur Henri Michaux, inédit.